[le PODCAST] Vivons nous dans la société du Spectacle? Christophe Bourseiller, Alain Guyard (Le poste Zéro #14)

 

Continuer la lecture de « [le PODCAST] Vivons nous dans la société du Spectacle? Christophe Bourseiller, Alain Guyard (Le poste Zéro #14) »

[ARTICLE]Vivons nous dans la Société du Spectacle ?

Est-ce que nous sommes les Acteurs ou les Spectateurs de notre propre Spectacle ?

 

Au moment où j’enregistre ceci, nous sommes à 24 h tout juste de la fin du « dé-confinement « .

Alors le sujet de ce mois-ci résonne tout particulièrement pour moi.

Vivons-nous dans la société du spectacle ?

Abreuvés de réseaux sociaux, de télévisions, d’informations à tout va dans de longs tunnels d’images, nous vivions jusqu’alors dans une société du spectaculaire. Tout était prétexte à mise en scène. Nous allions même jusqu’à la mise en scène de nous même régulièrement, pour une photo, ou une vidéo que nous postions sur nos murs Facebook ou Instagram. Bref nous étions dans la représentation de l’image du bonheur simulé. Mais étions-nous des acteurs d’un spectacle social comme le décrivait Guy Debord dans son ouvrage » la société du spectacle ? »

 

Et puis est arrivé le confinement, les couvre-feux, et nous avons été forcé, contraints de constater notre propre spectacle, nos propres images dans les miroirs de nos maisons. Nous avons vécu durant 55 jours avec nous-mêmes, et nos images parfois trafiquées de notre réalité sociale, que nous alimentons chaque jour un peu plus.

Acting is like real life without troubles

Nous avons dans un ultime sursaut de survie spectaculaire investie numériquement nos espaces d’expression organisant tant des apéros zoom, que des grands rassemblements de voisins aux fenêtres pour applaudir à grand renfort de musiques et de banderoles les héros de notre quotidien.

Notre mise en scène était impeccable.Nous jouions à être dans la vraie vie ce que nous espérons être au fond de nous-mêmes. Mais sommes-nous similaires à nos images, à nos constructions numériques ?

Nous nous sommes même découvert des sympathies toutes neuves pour nos voisins directs que nous ne connaissions pas du tout, malgré les nombres d’années à se croiser dans la cage d’escalier. Signe que notre manque de spectateurs virtuels était important ? Ou simple effet de la volonté d’être dans un rapport social spectaculaire comme le décrivait Debord ?

Être un acteur c’est savoir que l’on ment, alors qu’être spectateur c’est croire à ce mensonge.

Je peux pas j’ai Zoom.

La première des nécessités sociales c’est de se sentir indispensable. Mais le revers de cette médaille c’est de devoir correspondre à l’image que l’on attend de vous. Combien d’entre nous ont alors réalisé des réunions zoom avec leurs collègues, leurs supérieurs hiérarchiques, tout en maintenant une allure respectable de la tête à la taille ? Cravate costume, chemise, tout l’attirail était bien présent, mais en dessous de la ligne de vision de nos webcams, combien ont dans le feutré de leurs habitations, privilégiés, le caleçon, le bas de pyjama, et les Charentaises ?

Nourrir le spectacle pour correspondre à cette mise en scène. Pourtant, que nous soyons en bras de chemise où en maillot de bain qu’est-ce qui empêche que le travail soit bien réalisé ? Et pourtant nous continuons à nous donner la réplique. Se donner le change c’est aussi maintenir l’illusion.

L’application Reine pour le travail collaboratif par visioconférence se nomme Zoom, et elle a choisi le bon nom, il me semble. C’est un Zoom permanent sur un point précis pour ne pas voir le reste de l’image.

Situationnisme, le grand détour ne ment !

Ce que Guy Debord analyse assez bien dans « La société du spectacle » et la réédition augmentée qu’il réalisera plusieurs années après la première sortie, c’est justement ce qu’il réalisa avec la fondation du situationnisme : une critique ouverte du spectacle dans le rapport social afin de le replacer dans un environnement approprié. Car pour Guy Debord le Spectacle est la religion de la marchandise, ce qui est une idée qu’il rejette puisque c’est l’appareil de propagande du capitalisme.

Car toute cette mise en scène que nous employons dans nos quotidiens social, n’ont que deux issues possibles : Flatter nos égos et nous conformer à l’image sociale que nous souhaiterions être notre vrai nous. Ou bien magnifier notre vie pour en faire une œuvre d’art.

Mais pour les situationnistes le regard qu’ils portent sur cela est autre : Un rapport social entre des personnes médiatisées par des images, qui laisse entrevoir la société de consommation comme une société qui se nourrit n’ont plus de matières premières, mais aussi des personnes la composant. Plaçant ainsi l’humain dans une position de consommable, au milieu des autres. En étant dans un rapport social spectacle, on devient un produit comme un autre, et notre survie ne dé pend que de notre capacité à nous vendre comme on vendrait un paquet de pâte dans une tête de gondole d’un hypermarché.

Pour cela le mouvement situationniste va utiliser le détournement pour montrer une voie possible. Ils ont détourné nombre de romans-photos par exemple pour arriver à prouver leurs points de vue.

Guy Debord qui écrivait dans « rapport sur la construction des situations » le document fondateur du mouvement : « changer le monde […] et un emploi unitaire de tous les moyens de bouleversement de la vie quotidienne ».

Comment alors ne pas regarder « la société du spectacle » comme un détournement visant à bouleverser la vie quotidienne ?

Visionnaire ?

Alors Guy Debord était-il un visionnaire ?

Avait-il un regard si perçant qu’il décrivit l’avenir avec une certaine précision et cela dès le début des années 70 ?

Pourquoi voit-on autant de ses citations tronquées et réécrites pour certaines sur tous les réseaux sociaux, le rendant aussi détourné que Aldoux Huxley ?

Vit-on vraiment dans la société du spectacle ? OU est-ce une pure idée illusoire ? Ne doit-on repenser la notion de société de consommation pour celle de société du spectacle ?

 

Pour moi ces questions restent posées.

 

Néanmoins et pour aller plus loin dans le poste zéro, on va tenter d’en savoir plus.

 

C’est pourquoi  on va aller se poser la question ce mois-ci de ce que Guy Debord a bien pu vouloir dire ?

Bref

vit-on dans la société du Spectacle ?

Avec

Christophe BourseillerChristophe Bourseiller  Auteur, universitaire, de renom qui a écrit une biographie de Guy Debord « Vie et mort de Guy Debord ». Comment lui voit-il ce sujet, et surtout quel est son regard sur Debord, le fondateur du mouvement situationniste ?

Puis nous sommes allés trouver Alain Guyard, que nous connaissons bien sur cette Antenne.

Alin GuyardAlain Guyard Philosophe Forain, qui va nous éclairer sur sa vision de la question et sur le regard qu’il porte à Debord et à son côté libertaire.

 

Vivons nous dans la société du Spectacle?

 

Retrouvez le poste zéro en direct vendredi 15 MAI à 20H sur l’antenne de RadioDelta : ici

Et en podcast directement sur vos appareils en vous abonnant à nos podcasts en suivant les liens ci-dessous.

N’oubliez pas de vous abonner aux podcast iTunes ou RSS sur le lecteur de votre choix ici afin de recevoir les derniers podcast dés leurs parutions en direct sur vos appareils .

[le PODCAST] LE THEATRE ? C’est quoi ?Mickael Lumière, Guillaume Pixie, Benjamin et Hadrien (Le poste Zéro #13)

 

Continuer la lecture de « [le PODCAST] LE THEATRE ? C’est quoi ?Mickael Lumière, Guillaume Pixie, Benjamin et Hadrien (Le poste Zéro #13) »

[ARTICLE]Quel est notre rapport aux divertissements ?

Les divertissements sont-ils simplement divertissants ?

 

C’est dans cette période de confinement si particulière que la question suivante vient à se soumettre à mon esprit. Nous sommes enfermés, contraints à la prison personnelle et volontaire, et c’est dans ce moment précis, que nous avons le plus besoin de nous divertir.
Alors le divertissement est-il plus important qu’il n’y paraît pour nous ?

 

Comment pourrais-je vivre ce confinement sans les différents artistes qui offrent tout un tas de choses ? Comment pourrais-je survivre à cela si il n’y avait pas Netflix, amazon Prime Video, Disney + ? Aurait-on pu vivre ce confinement si il avait eu lieu avant l’avènement d’internet ?

 

Les artistes en première ligne.

De toutes parts, les chanteurs, les musiciens, les peintres, les danseurs, tous sans exception ont offert de leur art. Et c’est un point important qu’il faut souligner. Non pas, car c’est un cadeau, car c’est un cadeau soyons en certain, mais bien parce que cette manne artistique, et divertissante, est désormais la seule chose qui nous permet de nous raccrocher à une réalité. Notre rapport au divertissant est il une dépendance nécessaire pour survivre ?

 

Imaginaire et réel.

C’est assez troublant quand on y pense. C’est la science de l’imaginaire qui nous ramène vers la réalité. Du moins vers une réalité du passé. Cette réalité d’avant, celle où nous étions tous dehors. C’est par le divertissement que nous restons donc humains.

Il n’est pas question de regarder la qualité du divertissement ici présent, car je ne m’occupe que d’une chose, le divertissement qui vient d’artistes, et non du divertissement de masse qui serait produit au mètre. Il est donc exclu du discours une partie de la télévision, mais y inclut les films et les séries (qui ressemblent de plus en plus à des films en termes de productions et d’exigences). Il devient alors de plus en plus évident que le réel se nourrit de l’imaginaire et vice versa. Les artistes qui nous offrent ces divertissements font donc œuvre de salubrité publique, non ?

 

Le spectacle est mort ! Vive le spectacle !

Néanmoins lorsque j’y réfléchis un peu plus, tous les divertissements que nous consommons à longueur d’années sont des actions de confinement régulières et brèves. À chaque série que je regarde sur une plateforme de streaming légale, à chaque DVD d’un film que je lance sur ma télévision, à chaque petit spectacle que je peux voir sur des réseaux spécialisés, à chaque vidéo divertissante sur les Facebook et autres Instagram, nous nous confinons. C’est de nos yeux rivés sur l’absolu spectacle de nos envies dont il est question. Nous sommes absorbés, mais seul, dans les spectacles que l’on pense de plus en plus en termes de visionnage unique, de mobilité, de longueurs définies pour être facilement consommées.

Et c’est ici que nous commençons à nous enfermer dans un regard passif de nos divertissements. Le divertissement est-il un confinement régulier ? Est-on déjà confiné depuis des années au fond ?

 

Passif ? Vous avez dit passif ?

Car oui, tout autant que nous soyons spectateurs réguliers de live Facebook d’un chanteur, ou amateurs de bonnes blagues d’un autre, nous restons passifs.

Le seul spectacle qui nous émancipe de notre passivité c’est le spectacle vivant. Le plus important de tous me semble bien être le théâtre.

 

Le théâtre c’est quoi ?

Car si la question principale est de savoir quel rapport avons-nous avec le divertissement, nous pouvons nous demander quel est notre rapport à ce divertissement si particulier qui nous place comme spectateur, mais qui nous oblige à agir non plus individuellement, mais bien de manière collective avec l’ensemble des autres personnes de la salle.

Plus question de regarder brièvement un format défini sur un téléphone portable depuis sa place de métro. Là nous sommes obligés de nous déplacer, de nous réunir, de créer un égrégore spectaculaire, qui va porter la pièce que nous verrons. Et nous pourrons être certains d’une chose, le spectacle que nous verrons sera unique. Demain ne sera plus le même spectacle. Le vivant est en ce sens important, car il est unique, et c’est dans son unicité que nous inscrivons notre regard, notre humanité de groupe.

 

C’est pourquoi au poste zéro on va aller se poser la question ce mois-ci de ce que peut être le théâtre du point de vue des comédiens qui le peuplent, ou en sont issus. Pour eux quel est le regard qu’ils portent sur ce lieu, cet art, cette envie qui les anime de monter sur scène pour nous ?

Bref c’est quoi le théâtre ?

 

Avec

Robinson Denape Apprenti comédien.

Benjamin et Hadrien Duo de comédien qui tourne en France avec leur spectacle « Issue de secours ».

Benjamin et Hadrien

Mickael Lumière, Comédien et acteur, qui tourne dans les plus grosses productions françaises du moment et qui vient de finir de tourner le Biopic sur la vie de Gregory Lemarchal.

Mickael lumière

Guillaume Pixie Réalisateur, Scénariste, Comédien aguerri. Il est très actif sur Instagram et You tube où il décrypte les manies et tics des acteurs. C’est un fin observateur de son métier.

Guillaume Pixie

C’est quoi pour vous le théâtre?

 

Retrouvez le poste zéro en direct vendredi 17 Avril à 20H sur l’antenne de RadioDelta : ici

Et en podcast directement sur vos appareils en vous abonnant à nos podcasts en suivant les liens ci-dessous.